Lectures inspirantes

Voici un petit topic pour recenser les lectures intéressantes pour l'univers d'Ecryme

Bohème, de Mathieu Gaborit (parce qu'il faut pas déconner quand même)
Les Salauds Gentilshommes, une trilogie pas du tout steampunk mais plutôt renaissance-fantastique, ça reste selon moi très intéressant car on retrouve des personnages, des lieux, des intrigues très hautes en couleurs et parfaitement transposables à Ecryme

Nous avions préparé avec Samuel des notes de lectures pour le making of... puis l'idée est tombée à l'eau. A la lecture de ton poste, elles ont peut-être un intérêt comme source d'inspiration. Afin de ne pas copier-coller 15 pages et si cela vous intéresse, je pense passer régulièrement pour ajouter une référence à la fois...


ATTENTION TOUTEFOIS CERTAINS COMMENTAIRES PEUVENT SPOILER (même si je relirais avant de publier). A conseiller au MJs donc.

Je pense les prendre au hasard

Albatros (Bande dessinée)
En quelques mots
Fin XIXième, des volatiles en tous genres semblent être pris d’une furie meurtrière. L’insécurité devient alors un enjeu politique pour le gouverneur qui cherche à se faire réélire. Le chef de police, bien incapable de ramener l’ordre se venge sur la jeune Ombeline, nièce du gouverneur et danseuse de cabaret. S’en suit alors une longue fuite et vie de clandestinité entre nuées d’oiseaux envahissant les ruelles et pirates à bord d’un navire volant : l’Albatros. Dans un sinistre XIXe siècle, une adolescente tente de fuir une morne destinée à bord d’un zeppelin pirate, l’Albatros...
Mon avis
Dans un premier temps, il est important de signaler qu’Albatros a le bon goût de comporter un début-une fin (ce qui est rare) et ce en seulement 3 tomes. Le graphisme rappelant un Loisel rehaussé de couleurs splendides n’est pas non plus pour déplaire. L’auteur parvient également à ajouter de nombreuses touches de poésie dans ce récit sombre. Un spleen baudelairien adapté au steampunk... qui souffre néanmoins d’un certain manque de profondeur. Les personnages sont souvent bien trop survolés pour devenir attachant, plus gênant encore, la ligne directrice s’effiloche un peu plus à chaque tome laissant une bonne impression mais une impression d’inachevé. Les trois albums d’Albatros restent un réel plaisir de lecture, une quête en terres inconnues vivement conseillée.
Son usage pour Écryme
Mis à part le titre (Albatros pour Albatre), il faudrait quasiment tout conserver ! Albatros pourrait être repris dans son intégralité pour faire un (très) bon scénario, jusqu’aux noms des protagonistes (Ombeline, Emerance…), les rêves et espoirs de notre jeune danseuse de cabaret. Seul l’idée de départ, les mystérieuses attaques de goélands devenus fous mériteraient d’être développée.

Steampunk ! L’esthétique rétro-futur
(Étienne Barillier, édition Les moutons électroniques)
En quelques mots
L’auteur décrit le steampunk au cours d’un essai pédagogique abondamment illustré. L’étude débute par un développement chronologique : de ses prémisses (émergence aux États-Unis) à son épanouissement en Europe et sa diversification des supports en passant par les îles japonaises.
Mon avis
Difficile de critiquer un ouvrage aussi complet, pourtant c’est justement la qualité d’exploration du sujet (pour le moins fluctuant) qui m’a le plus déçu. L’auteur ne prend jamais position et se contente de produire une longue liste d’ouvrages. Il ne cherche pas d’autre moyen de classement que celui géographique puis chronologique. Autre principal reproche, son approche théorique du steampunk reste surtout essentiellement basée sur le côté cosmétique du sujet. Bien sûr l’auteur souligne la création métatextuelle de ce genre mais sans jamais vraiment approfondir sur les liens unissant les icônes et les thèmes du steampunk à ceux du fantastique, de la fantasy, du roman policier… L’auteur démontre et dénote avec style son propos agrémenté de moult exemples mais on s’y perd. Si bien qu’une liste moins courte et mieux expliquée aurait été préférable (quitte à conserver l’exhaustivité dans une annexe chronologique en fin d’ouvrage).
Peut-être est-ce le style « fourre-tout » qui veut ça mais quand s’ajoutent jeux-vidéo, jeux de rôles, jeux de plateaux, films d’animation, séries télévisées, films et bandes dessinées on perd largement le propos développé à l’aide des romans.
Son usage pour Écryme
Rendons à César ce qui appartient à César. Steampunk ! L’esthétique rétro-futur se lit bien. Le bouquin est de qualité et, suite à sa lecture, ma liste de livre à lire à très largement augmenté. Son usage est donc recommandé comme source d’inspiration pour les sources d’inspirations. Sans une étude méthodique de ce dernier, la liste ci-dessous aurait été largement moins importante.

Les chroniques du soupir
Edition Le Pré Aux Clercs
En quelques mots (présentation de l'éditeur)
Lilas, une naine flamboyante, a choisi, depuis la disparition de Frêne, son époux, de prendre sa retraite de Chef de la garde du palais de la Haute Fée pour ouvrir une auberge au bord de la mer. Entourée de quelques amis et d'Errence, un elfe qui est aussi son amant, elle mène une existence un peu trop paisible à son goût. Alors qu'elle s'interroge avec angoisse sur son devenir, son fils Saule, pourchassé par un groupe de miliciens au service de la Haute Fée, fait irruption dans l'auberge. Il serre dans ses bras une fillette de 10 ans, Brune, qui est à l'agonie. Après quelques d'hésitation, et bien que pressentant l'immense danger qui émane de façon indicible de la personnalité de Brune, Lilas décide de les protéger envers et contre tous.
Mon avis
Avec Les chroniques du soupir, Mathieu Gaborit confirme, s’il en était besoin, sa capacité à inventer des univers à la fois bercé de poésie, mais aussi plutôt déroutant. Avec un style d’écriture très épuré (phrases très courtes et de chapitres brefs), il reprend des thèmes simples et fédérateurs en héroic fantasy (elfes, nains, fées et sirènes) pour les rendre atypiques avec une magie propre (que l’on retrouve dans la magnifique couverture)
S’il fallait émettre deux petits bémols, le premier serait l’emploi d’ellipses assez fréquent qui rend parfois la lecture un peu confuse, le second serait le manque de fioritures. S’il permet une bonne immersion dans l’univers et une histoire bien développée, le livre n’est pas très long et le lecteur n’a pas le temps de s’attacher aux personnages. Cela a pour effet de limiter un peu l’effet dramatique que prennent certaines de leurs décisions. C’est d’autant plus dommage que Mathieu Gaborit a particulièrement travaillé sur ses personnages et les thèmes sont plus intimistes que dans ses autres romans : rester avec quelqu’un par confort plutôt que par amour, la routine qui devient confortable, les liens familiaux, les regrets, le poids du sacrifice…
Que cela ne vous arrêtes pas ! Certains passages particulièrement intenses en émotion (et non en action) m’ont laissé un goût de revenez-y comme le premier échange de souffle entre Saule et Brune, le père et la fille, l’amant et l’amante… ou la peur teintée d’envie d’être seule qu’éprouve Lilas dans sa relation avec Errence.
Son usage pour Écryme
Comme souvent avec Mathieu Gaborit, certains thèmes forts reviennent comme le lien entre les habitants et leur cité, entre leur cité et la nature… Là où le lien entre Les chroniques du soupir et écryme est vraiment totalement parlant, c’est lors de la description des lignes de vie qui se compare vraiment très aisément aux faisceaux de l’écryme.

Ames d’Hélios (Les)
Quatre tomes (Le ciboire oublié, Au fil de l’épée, Fer écarlate et Chaines éternelles) parus chez Delcourt
En quelques mots
Le Ciboire est une citée à l’agonie, rongée en surface par la rouille et des créatures monstrueuses et de l’intérieur par des lois strictes et cruelles. Les castes, sous le joug des fanatiques religieux, vivent enfermées dans cette cathédrale de métal échouée depuis des siècles sur une planète inhospitalière.
Mon avis
Les âmes d’Hélios rempli toutes les conditions pour être un véritable succès : un début, une fin, de beaux dessins, un univers sombre et torturé… Et pourtant la mayonnaise ne prend pas. L’intrigue assez convenue ne décolle jamais. En effet, l’héroïne, d’origine modeste, parvient à s’extraire de sa condition mais, libre de l’endoctrinement des castes supérieures, sait qu’on est tous égaux et qu’« il faut de tout pour faire un monde ». L’auteur s’enfonce dans une caricature de violence gratuite et impitoyable tellement exacerbée qu’elle en perd toute crédibilité. Si je n’ai « accroché » ni aux personnages ni à l’univers, pourquoi donc en parler ? Pour les décors !
Son usage pour Écryme
Les âmes d’Hélios associent décorum moyenâgeux (sculptures et architectures gothiques, armures, combats à l’arme blanche) et technologie high-tech (élévateurs, machines de guerre et de déplacement) sur fond de métal rouillé. Ce dernier donne une bonne base pour décrire les lieux les plus élevés de la cité, les cellules des prostituées, les marchés…
Avec parcimonie, il est également possible de piocher dans ce lourd vivier de déchéance moral.

Hop un petit poste polémique

La Compagnie des glaces (JDR)
En quelques mots
Suite à l’explosion de la Lune, des poussières empêchent le passage des rayons du Soleil et entraînent une nouvelle ère glaciaire. Les survivants vivent dans des villes sous globe reliées entre elles par les grandes compagnies ferroviaires.
Mon avis
Je n’ai absolument aucun avis sur ces romans de gare (blague facile pour des livres qui parlent de trains). Pour la simple et bonne raison que je n’ai pas lue un seul des 98 épisodes écrit par G.-J. Arnaud. Mais pourquoi donc est ce que j’en parle alors ? Parce que dès qu’on a un train avec deux villes, on se doit de citer la compagnie des glaces, un peu comme un bateau volant avec un peu de magie et hop, on a Final Fantasy en source d’inspiration (mais celle-là, on peut aussi l’avoir si on cite Gaïa au moins une fois de le background)…
Grand fan de Polaris (le jdr de Philippe Tessier ainsi que de ses romans), je lisais souvent que l’univers sous-marin n’était qu’une « pâle copie » de la compagnie des Glace. Ne trouvant pas les premiers tomes de la saga, j’ai donc investi dans la bande dessinée et le jeu de rôle. Ni l’un ni l’autre ne m’ont convaincu (loin de là). Peut-être que Philippe Tessier ou Mathieu Gaborit/Guillaume Vincent s’en sont inspirés, si c’est le cas, je dois avouer que le résultat me plait et me suffit si bien que je ne suis jamais allé voir l’original.
Son usage pour Écryme
Wikipedia décrit l’univers comme « un mélange de science-fiction, de polar, de roman noir, de roman d'espionnage et de roman de gare (au sens propre surement) ». Ainsi, il y a très certainement de quoi trouver son bonheur.

Je continue encore un peu sur les polémiques en critiquant un jeu de Stéphane Marsan... si l'homme a du talent (comme éditeur et auteur, en tout cas de mon point de vue), j'ai découvert récemment qu'il nous avait accusé d'avoir oublié Guillaume Vincent dans les crédits du jeu. Pour les heureux possesseurs d'écryme, ce n'est pas le cas et cela n'a jamais été nos intentions...

Guildes (JDR)
En quelques mots
Guildes est un jeu orienté vers la découverte d'un nouveau continent. Le monde de cet univers de jeu, Cosme, est organisé en deux grandes parties : les Rivages, qui sont ce que nous pourrions appeler le vieux monde, et le nouveau continent, terre d'aventures.
Suite à un raz-de-marée frappa les Rivages, des explorateurs (les PJ) partent à la découverte de ce qui en était à l’origine : le Continent qui a émergé de l’eau. Or, ce Continent est habité et possède en d’immenses richesses. Provenant de six maisons aux cultures totalement différentes, les aventuriers oublient les luttes de pouvoirs pour former les Guildes…
Mon avis et son usage pour Écryme
Difficile de donner un avis vraiment fondé sur Guildes car je suis très loin de posséder la gamme complète et mon avis se fait donc sur la boite de la première édition et deux « clanbooks ». En effet, de prime abord, j’avais toujours écarté ce jeu de ma ludothèque car je trouvais son thème relativement bateau (il faut le prendre pour aller sur le Continent), pour avoir lu les romans, je n’étais pas attiré par les peuples que je trouvais assez stéréotypés (du viking par ci, du vénitiens par-là, des melnibonéens, des aztèque...) qui finissent tous par être amis car les joueurs doivent jouer ensembles et qu’il en faut pour tous les goûts (sans parler du coté clanbook qui sortent régulièrement ni oublier son prix)… Puis non seulement j’ai trouvé la boite à bas prix mais, en plus, trois années plus tard, il se trouve que le système ressemblait à celui que j’avais écrit pour Écryme (caractéristique + compétence + 2d6).
Après un bon coup de pied au cul et une lecture assidue, j’y ai trouvé exactement l’inverse de ce à quoi je m’attendais : le système n’a rien à voir mais l’univers est une source d’inspiration pour de nombreux autres jeux. En effet, je vois Guildes comme une trousse à outils, une synthèse du médiéval-fantastique avec un gros bol d’aventure et d’exploration. Bien sûr, je trouve les concurrences entre guildes et les guildes elles-mêmes sous exploitées mais le background recèle de nombreux petits trucs à reprendre : un sentiment de bizarre et d’étrange est distillé tout au long de la lecture, je cherchais depuis pas mal de temps un jeu med-fan rural et non urbain (oui, je sais rien à voir avec Écryme mais bon) mais surtout ce sont ses mêmes « clichés » qui m’ont plu. Leur usage assumé permet de s’y retrouver rapidement (directement assimilables et donc directement jouables), ces traits « forcés » m’ont surtout permis de développer certains points en particulier en m’attardant sur les Venn Dyss et sur certains textes très bien ficelés de Tristan Lhomme…
Je ne jouerais probablement jamais à Guildes mais mes prochaines parties contiendront très certainement du Guildes et ça, c’est déjà beaucoup.

Attention chef d'oeuvre

Monster
Manga de Naoki Urasawa, publié en France aux éditions Kana.
La série animée serait présente dans la collection Madhouse.
En quelques mots
En 1986, Tenma, jeune neurochirurgien japonais du Memorial Hospital de Düsseldorf, est destiné à une brillante carrière et fiancé à la fille du directeur de l’hôpital. Pourtant, ce dernier perd tout suite à son choix de ne pas opérer le maire car il donne sa priorité à un garçon blessé d’une balle dans la tête (ce dernier est arrivé à l’hôpital avant le maire). Si le garçon s’en sort, le maire, confié à un autre chirurgien, décède. Le Dr Tenma est alors rétrogradé, sa fiancée le quitte et le garçon (et sa sœur jumelle) disparaissent, suite aux meurtres mystérieux de trois hauts responsables de l’établissement.
Neuf ans plus tard, Tenma découvre l’auteur des meurtres : Johann, ce garçon qu’il avait sauvé semble être devenu un monstre semant la terreur autour de lui. S’en suit une course poursuite à travers à travers l’Allemagne et la République Tchèque entre Johann et Tenma dans un premier temps puis entre Tenma et l’inspecteur de la police criminelle.
Mon avis
Thriller à mi-chemin entre fiction et faits historiques, je regrette parfois que l’histoire ne bascule pas plus dans le fantastique. Monster tient surtout dans ce découpage exceptionnel de l’enquête et par des personnages hauts en couleur comme l’inspecteur Runge, homme rigide à tendance obsessionnelle.
Je dois avouer que je me suis contenté de l’anime tiré de cette œuvre sur de vieux VHS ayant enregistré la diffusion. Mon avis est donc tronqué mais, l’anime étant particulièrement réussi, je me permets de supposer que le manga dont il est tiré l’est également.
Seul petit défaut, les décors, ruraux le plus souvent, permettent de fortement douter qu’un asiatique recherché par la police (il y a des barrages de police) ne se fasse pas attraper.
Son usage pour Écryme
Ne le cachons pas, mes souvenirs des expériences du Kinderheim511 sont à la base de la première campagne pour Écryme. Il en va de même sur l’influence de Johann sur les gens : leurs désirs cachés qui remontent à la surface, leur perte de contrôle, l’espoir rallumé et inlassablement soufflé… Tous dénoteraient d’une manipulation céphalique subtile si l’écryme était présente dans l’Allemagne de 1986.
Enfin, l’inspecteur Runge se retrouve dans nombre de mes métropolites.

Dark Earth (JDR)
En quelques mots
La chute d’une météorite a dévastée la Terre, la recouvrant d’un nuage noir empêchant la lumière du soleil de se rendre jusqu’au sol, lui donnant son nouveau nom de Sombre Terre. L’humanité ou ce qu’il en reste s’agglomère dans des cités, les Stallites, caractérisées par des puits lumineux à l’origine mystérieuse. A leur périphérie, subsiste des humains s’étant adapté à l’Obscur cherchant dans les ruines de l’Avant de quoi survivre. Proies de créatures cauchemardesques corrompues par l’Obscur, ils s’allient aux Marcheurs (personnage emblématique de cet univers que les joueurs finiront tôt ou tard à devenir) et alimentent un fragile réseau de communication entre stallites.
Mon avis
Univers sombre (sans mauvais jeu de mot) et baroque, Dark Earth bénéficie d’un développement d’une rare qualité ainsi que d’une communauté de fan encore active longtemps après l’arrêt de sa publication.
Si d’un point de vue personnel j’ai apprécié la lecture de Dark Earth, j’ai toujours eu du mal à y jouer sans que ce jeu ne devienne une enième version heroic fantasy daaark où les personnages sont des héros qui sauveront le monde (ou le stallite) de méchants démons (Shankr), cultiste sombre (de Shankr)… bref manichéen et finalement grossir avec ses trois (qui dit quatre) forces en présence. Je pense que Dark Earth, entre de meilleurs mains que les miennes, est un vrai bon jeu de rôle.
Son usage pour Écryme
Post apocalyptique, sombre et désespéré, Dark Earth a tout pour servir de source d’inspiration à Écryme. Si en plus vous ajoutez une bonne dose de steampunk avec des suppléments tels que Artefacts et La vapeur alors vous comprendrez pourquoi Dark Earth a été une source d’inspiration pour nous.
Au delà de la technologie steampunk, de nombreux points communs permettent de passer d’un univers à l’autre comme le système de castes, un univers urbain cloisonné mais aussi un vernis de mysticisme. La différence la plus notable entre Sombre Terre et la Toile reste cette couche médiévale pour ne pas écrire Heroic Fantasy qui se dénote légèrement du post apocalyptique victorien d’Écryme.
Pour l’anecdote, comme dans beaucoup d’écrits auxquels Mathieu Gaborit a participé, sa patte se retrouve en particulier dans les Pyramides de Nâh où les arantèles, les urbateks ou le hurle font leur apparition.

Scales (JDR)
En quelques mots
Dans Scales, pas de gothique punk ni de twist, simplement notre Terre des années 90 avec une légère différence : dans l'ombre, les dragons dirigent le monde. Ces derniers, d’origine extraterrestre, sont présents depuis la nuit des temps. Le couple originel se posa sur la Terre afin de donner naissance aux œufs de la mer et de collecter le mana pendant que le père cherchait une autre planète à piller. Les treize rejetons les plus puissants devaient protéger leur mère tandis que les autres collectaient l’énergie magique.
Quand les treize gardiens ressortirent de leur isolement, leur mère était assassinée, probablement par l'un d'entre eux, et les collecteurs avaient perdu leur intelligence pour devenir les dinosaures. Devant un tel échec, la plupart se retirèrent et s'endormirent pour quelques millions d'années. Pendant leur sommeil, le mana s'épuisa pour ne rester présent que dans les produits artisanaux. Ce déclin magique vit également disparaître les espèces fantastiques (elfes, trolls, démons…) pour laisser place à des humains inconscients de leur héritage merveilleux.
Le 6 août 1945, l’explosion d’Hiroshima réveilla le dragon qui, à son tour, éveilla ses frères. Ils cherchèrent alors à collecter le mana par l’intermédiaire de pions mi-humains mi-draconiques. Certains hommes, connus sous le nom de technomanciens, collectaient aussi le mana via d’étranges combinaisons alchimiques à base du corps des dragons...
Les dragons jouent donc un jeu politique entre eux, les humains si gênants, et leur père, le Dragon Céleste (qui demandera des comptes pour la mort de sa compagne et de l’absence de mana collecté)...
Mon avis
Scales est un univers d’intrigues et de secrets réalisé par Croc, G.E. Ranne, Stephane Bura. En tant que fan inconditionnel du travail de ces messieurs, difficile de ne pas être enthousiaste. Ce jeu méconnu est novateur, bourré de concepts intéressants, tout en réutilisant avec intelligence des éléments classiques du jdr, bénéficie d’une présentation léchée et d’un background subtil dès le livre de base… Pour être bref, un occulte moderne simple sans être simpliste qui m’a donné, chose rare en jdr, autant de plaisir à lire qu’à jouer.
On lit souvent que Scales est un échec commercial. Je ne sais pas si c’est vrai ou pas et je m’en fous un peu. Si tel est le cas, surement est-ce dû à sa sortie tardive (après Vampire, Werewolf, Nephilim). Peut-être à ses règles « rôleplay » quelque peu minimalistes, à la différence de puissance entre les personnages ou alors à la volonté de ses auteurs d’ancrer les scénarios fantastiques dans le réel (pas de métaplot sur 2000 ans d’histoire humaine où chaque pet de travers est dû à un des dragons… antédiluvien). Autre ombre au tableau, Scales est un jeu à secrets ou à « storyline » qui se dévoile à chaque scénario, et donc à chaque suppléments. Cette obligation de suivre religieusement la gamme ne me générait plus aujourd’hui (d’autant que je possède la gamme complète) mais, à l’époque, cela m’aurait dérangé. Cela lie également les mains aux MJs entreprenant.
Enfin, dernier point négatif pour moi, parler de Scales (même si ce n’est pas le seul jeu) a tendance à réveiller la fibre nostalgique à la limite du vieux con qui re-feuillete sa bibliothèque en se disant : « le jdr, c’était mieux avant ».
Son usage pour Écryme
Scales a été une référence tout au long du développement d’Écryme. Sur le principe et le développement des campagnes typiques, nous espérons avoir rejoint Croc, G.E. Ranne, Stéphane Bura et le reste de leurs collaborateurs. En effet, l’idée de départ est de faire un « jeu à secrets » au sein duquel les personnages-joueurs découvrent progressivement leurs propres capacités et l'univers qui les entoure.
Par la suite (et de manière assez involontaire), nous nous sommes rendus compte qu’anences et céphalie trouvaient respectivement échos dans les chapitres traitant des gestalts et des magies (masquer les sorts à travers des arts : magie culinaire, architecturale…).

... deux notes d'un coup. Je continuerai à vous remonter et faire vivre ces 2 postes mais à un rythme moins soutenu. N'hésitez pas à prendre le relais...

Golden Dogs (bande dessinée)
Griffo, Desberg aux éditions le Lombard
En quelques mots
Londres, 1820. Une prostituée (unique point de vue de l’histoire) raconte sa jeunesse, comment elle va rencontrer un escroc, un assassin et une voleuse, comment ils vont unir « leurs talents pour devenir ensemble les plus célèbres voleurs de Londres » (tiré de la quatrième de couverture) mais surtout comment l’un d’eux va les trahir.
Mon avis
Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris des BD pour leur look victorien/steampunk dans l’espoir de trouver une source d’inspiration pour écryme. Golden Dogs est un cycle en 4 tomes… oui oui un début et une fin, tout ça. Autant dévoiler de suite l’avis : je suis globalement assez déçu par des dessins assez communs, des personnages sympas mais qui ont des motivations auxquelles je n’adhère pas du tout (tu as trahis, bon OK on passe ; on a volé des centaines de livres, mais l’un de nous les a volés bon on passe et puis on était d’accord pour pas s’en servir non ? ; je suis amoureux de toi mais tu me trompe ; on tue à tour de bras, mais le méchant qui nous embête nous fait peur…)
Son usage pour Écryme
Golden Dogs a l’avantage de donner une vision claire de comment pourrait se monter une ghilde de personnage (surtout si un céphale vient expliquer les incohérences), comment un métropolite de la sureté pourrait leur pourrir la vie, ainsi qu’une galerie de personnages des bas-fonds sympathiques.

La Cité de l’Arche (bande dessinée)
En quelques mots
Une cité dystopique où hommes et femmes sont séparés, où le pouvoir en place brime la population et où la résistance s’organise dans les bas-fonds sous fond d’élu qui va amener le peuple vers un nouvel eden...
Mon avis
Malgré sa cohérence dans le ton et les dessins (l’auteur est aussi dessinateur), malgré l’éternel couplet d’un début, un milieu et une fin (oui oui 3 tomes), et la proximité des thèmes avec la Toile, je dois avouer avoir été un peu déçu. La Cité de l’Arche m’a intéressé sans jamais me laisser entrer dedans. Je ne me suis identifié à aucun personnage, la cité ne m’a pas fait rêver…
Son usage pour Écryme
Pourtant, je le mets quand même en potentielle inspiration pour l’usage des noms donnés et pris comme signe de résistance, pour le lien avec la religion, pour l’usage des pigments (je dois avouer n’être pas totalement certain d’avoir pas compris l’idée de ces derniers et leur usage par le maître scribe mais les portes ouvertes/suggérées sont nombreuses)… Bref, à voir, ce n’est pas la bande dessinée que j’aurais mis en haut de la pile mais je ne la déconseille pas quand même.

MangeCoeur (Bande dessinée en 3 tomes)
En quelques mots
L’histoire est celle d’un groupe de marionnettiste enchantant le monde avec ses spectacles. Tout semble tourner court quand le grand-père tombe gravement malade…
Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler…
Mon avis
Je vous passe l’éternel couplet d’un début, un milieu et une fin (oui oui 3 tomes). Pour m’appesantir sur l’histoire. Je dois avouer ne pas être certain de tout avoir compris mais il y a 10 000 idées poétiques : des miroirs, des clowns tristes gardant des papillons colorés sur mobile pour avoir un peu de couleur, des idées papillons merveilleuses, des personnages hauts en couleur, des marionnettes sans fils, des pluies de plumes… Autant d’images qui restent et marquent. Pour ceux qui connaissent, j'y ai retrouvé un peu de Thaneros mais si MangeCoeur ne m'a pas autant marqué, elle a le bon goût de se terminer.
Son usage pour Écryme
Soyons honnête, après cette bande dessinée, je ne pense pas évoquer le monde du cirque ou de la fête foraine sans y faire référence. Une Bohème/Anence pour céphales faite sur-mesure.

Damien Saez
Un petit post sous forme de billet de blog et d'états d'âme...
De manière générale, j’écoute assez peu la musique. Je consomme beaucoup de classique et de musique de film-anime-jeu vidéo (à cause de Samuel pour cette dernière catégorie). La raison en est que je travaille (lire écris) avec cette musique. Dans la voiture, la radio ne sert que de fond sonore quand j’en ai marre de des mauvaises nouvelles.
Pourtant certains auteurs-compositeurs-interprètes ou au moins leurs album trouvent grâce à mes yeux.

Je suis toujours amoureux des deux premiers albums de Mano Solo : Marmaille nue et Les années sombres avec certainement ma chanson préférée. J’ai boire et baiser de Miossec en madelaine de Proust.

Et puis il y a Saez. J’ai une tendresse particulière pour le personnage, pour ses pamphlets qui font souvent mouches en moi depuis son album Jours étranges. J’ai parfois l’impression que Saez a grandi, muri avec moi mais que lui n’a jamais abandonné, ne s’est jamais habitué, qu’il n’a pas arrêté de s’offusquer en voyant le monde évoluer. Il continue de chanter sa frustration parfois avec rage, parfois de manière un peu maladroite, toujours engagée mais surtout avec une poésie et un talent indéniable. Si j’en parle ici, ce n’est pas vraiment pour faire le lien avec écryme. En effet, si les textes de Damien Saez m’inspirent, je voulais éviter de lier un aspect politique trop marqué dans l’univers afin de ne pas diluer le jeu qui, de toute façon, n’est pas forcément le bon support. Non, si je l’évoque ici dans les textes à lire c’est pour deux raisons :
- Damien Saez a une plume magnifique qui réveille souvent en moi l’adolescent trompé par l’adulte que je suis devenu
- Il continue de produire de véritables merveilles et je vous encourage à l’écouter.

En effet, beaucoup le connaîtront (en tout cas je l'espère) pour ces quelques titres

Jeune et con
Jours étranges

L’auront suivi avec ses deux autres albums

God blesse (J'veux qu'on baise sur ma tombe) et Debbie ou, plus surement, avec Fils de France

Mais il continue de produire sous un label indépendant et n’est plus diffusé à la radio ; qu’il produit des affiches parfois magnifiques (de mon point de vue) comme celle de J’accuse, affiches interdites car jugées sexistes… Et pour quelqu’un qui connait une bonne partie de ses textes par cœur, je dois avouer que j’ai du mal à le suivre tant sa production est pléthorique, comme une thérapie visant à vider ses tripes (parfois littéralement car il produit aussi de la m…). Je ne citerai pas d’album en particulier car quasiment toute sa production est disponible gratuitement à qui cherche un peu, car il se recoupe parfois beaucoup (oui, les 10 CD composant Le Manifeste je vous regarde), produit des CD simples pour sortir des triple albums juste après (je regrette encore d’avoir couru m’acheté Paris quand j’ai dû racheter Varsovie-l’Alhambra-Paris juste après) mais je vous ai dressé un petit florilège de ce que j’écoute en ce moment…


Les enfants Lune
Les enfants paradis
Jeunesse lève-toi
Marguerite
Tous les gamins du monde
Mon pays je t'écris

Et si vous restez motivé, j’ajoute aussi l’autre auteur dont j’attends la production hebdomadaire avec impatience, Frédéric Fromet qui a fait une très belle parodie de Saez.

C'est intéressant car je me retrouve dans plusieurs éléments de ton propos. L'impression d'avoir évolué avec lui notamment.
En effet, en l'écoutant, même si je me dis que ce serait difficile de sonoriser les parties avec, l'explosion d'émotions rappelle clairement Ecryme !

J'ai fait ce poste pour deux raisons :
- j'aimerai bien, à mon niveau, inciter les gens à apprécier des Mano Solo et des Saez surtout que c'est quand même assez dur de le suivre
- son manifeste tourne en boucle dans ma voiture (d'un autre côté c'est 10 CD) et cela me trotte dans la tête d'écrire un scénario avec ses chansons en aide de jeu... Je ne sais pas si j'y arriverai mais j'aimerai faire d'écryme un jeu où le but n'est pas juste de sauver le monde d'une menace physique mais d'un mal insidieux qui le ronge, qui ronge plus ou moins notre quotidien...

PS Pour moi, cette corrélation avec notre monde est un élément central de l'univers de ce jeu. Je n'arrive pas à me défaire de cette image d'ouvriers allant prier leur outil de travail, aux nobles marchands qui cumulent l'argent sans but au prix d'une déshumanisation, de ces Loges conservant le savoir comme une richesse pour satisfaire une perversion narcissique caractéristique et de cette population résignée lasse de se battre et de se rebeller qui n'attend qu'un élément déclencheur pour raviver la flamme. Ces éléments étaient présents dans la première édition mais simplement comme élément de décor et nous avons reconstruit sur eux dans l'espoir d'ancrer le jeu dans notre temps sans trop insister dans la peur de dissimuler le jeu.